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Pourquoi le coût du fret maritime s’effondre

Après avoir atteint des sommets en 2021, le coût du fret maritime mondial a nettement reflué en à peine plus d'un an. La levée des restrictions sanitaires liées au Covid et la crise ukrainienne n'en sont pas les seuls facteurs explicatifs.

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1 Un regain d’efficacité

L’effondrement des coûts du fret maritime est impressionnant. Après avoir flambé jusqu’à un sommet en octobre 2021 à 5 465 points, le Howe Robinson Dry Index (voir ci-dessus) a dévissé pour atteindre 751 points en janvier 2023. « L’une des raisons principales de cette incroyable chute est le regain d’efficacité de la logistique mondiale, notamment du fait de la levée des restrictions sanitaires des États liées au Covid 19 », soulignait Will Fray, directeur du bureau d’étude britannique Maritime Strategies International, le 26 janvier, lors de la Paris Grain Conference organisée par Argus media France (Agritel).

2 La crise ukrainienne

Le fret mondial a également perdu des volumes céréaliers importants en 2022 en raison de la guerre en Ukraine. « En 2022, la filière mondiale d’exportation des grains a probablement perdu 40 Mt d’export sur 660 Mt, indique Guy Hindley, directeur général de la division vrac sec du courtier britannique en fret maritime, Howe Robinson Partners (HRP). Ceci notamment sur les routes asiatiques les plus longues en provenance d’Ukraine vers l’Asie. Cela a libéré mécaniquement des capacités de transport et allégé les coûts du fret. »

3 Une offre importante de navires

La hausse des tarifs du fret aux sommets en 2021 a masqué les fondamentaux d’un marché entraîné dans un « super cycle » baissier, lié à une forte hausse des capacités de la flotte mondiale, « avec des prix du fret relativement bon marché depuis dix ans », estime Will Fray. De 2010 à 2012, le marché a connu un pic de livraison avec près de 100 millions de DWT (1) de capacité additionnelle chaque année selon les estimations de HRP. Depuis, les livraisons ont progressivement décliné, mais le marché enregistre toujours des gains nets de capacité chaque année. Actuellement le super cycle de construction semble se terminer. Les livraisons sont attendues à un plus bas pour 2025 à 5 millions de DWT. Cependant, considérant la durée des carrières des navires (au minimum 25 ans), le poids d’une offre importante pourrait encore peser à moyen et long terme.

4 Les effets de l’inflation

La demande mondiale en fret semble inversement proportionnelle à l’inflation sur les matières premières avec une déflation paradoxale des coûts du fret. Cela s’explique par le fait que les produits transportés sont devenus plus chers et qu’ils sont moins attractifs pour de nombreux pays qui tendent à contrôler la croissance de leur consommation. Par ailleurs, la hausse du coût de l’énergie pèse sur la demande de fret et incite à préférer des trajets plus courts, moins « gourmands » en durée d’affrètement. Cette baisse de la croissance de la demande est toutefois à relativiser puisque le marché du transport maritime de vrac est attendu en légère hausse de 1,2 % en 2023, dont une hausse des échanges de céréales de près de 4 %. Cependant, ces projections sont déjà intégrées par les marchés sans qu’un effet haussier ne se fasse ressentir. L’hypothétique reprise à la hausse du prix du fret de vrac sec dépendra en grande partie de la reprise économique en Chine, qui en est de loin le plus gros consommateur.

(1) Le DWT (deadweight tonnage) représente la charge utile maximale d’un navire.

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